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dimanche 8 juillet 2012


LABEL IMPERIAL

                Il suffit ! Voilà deux semaines que je n’ai pas pris la plume, trop concentré sur la douleur de mes gencives allégées des dents de sagesse pour écrire quoi que ce soit. Je savais qu’une absence est toujours douloureuse, mais à ce point !
                Heureusement, pour apporter un peu de douceur à tout ceci, j’ai commencé à travailler au salon de thé de Montpellier « Si le thé m’était conté », et comme vous devez-vous en douter, je suis aux anges :  400 références, 15 maisons de thés et des vendeurs très qualifiés et fins connaisseurs autant du thé en lui-même que de l’histoire des producteurs,  des techniques de récoltes etc.  Etant néophyte, je me dois de connaître ces 400 références ;  je dois me plier au dur supplice de la dégustation ( oui je suis d’accord, il faut me plaindre^^). Force est d’admettre que l’éventail de choix est si large qu’il m’est difficile d’orienter mes dégustations, mais  comme le disait Pindare dans ses Pythiques « n’aspire pas à la vie éternelle, mais épuise le champ du possible. » ; je vais donc m’employer dès maintenant à cette exploration. Attendez-vous à avoir un rapport régulier de mes dégustations, découvertes et autres plaisirs qui m’attendent.


Première dégustation au salon :
                Label Impérial de Kusmi Tea. Voici un thé dont le bouquet épicé et hespéridée m’a tellement frappé lors du retrait du couvercle que j’en ai redouté la dégustation.
                Le thé vert sencha est composé de  tiges et de feuilles coupées couleur laurier, le tout accompagné d’écorces d’orange, de fragments de cannelle et de baies d’argousier. Distinguer les différents éléments n’est pas chose facile puisque l’ensemble varie uniquement dans des nuances de vert allant du vert pistache le plus gourmand au vert pâle des tiges (la photo est issue d'une autre dégustation, elle ne rend pas vraiment ces nuances de vert).
                Le bouquet est franc, les épices (réglisse, cannelle) dominent mais une note d’agrume vient ajouter un peu d’acidité (citron), de pétillant à ce bouquet déjà assez fort.  Une fois infusée, la liqueur prend des teintes d’un jaune claire couleur paille et dégage toujours les notes d’épices auxquelles s’est ajoutée la réglisse, plus franche. Ca n’est qu’une fois en bouche que cette dernière prend toute son ampleur. Le liquide est aiguë, d’une légère astringence, mais très vite équilibrée par le caractère sucré de la cannelle à quoi s’ajoute la note d’agrume (écorce d’orange et citron) bien marquée. On finit sur la réglisse, certes présente depuis le départ mais qui ne prend vraiment son ampleur qu’en note de queue. La deuxième infusion fait littéralement exploser celle-ci , faisant passer le reste au second plan. Le temps d’infusion et la quantité d’eau sont importants : 3 minutes avec 0,30L et vous aurez une liqueur uniquement au goût de la réglisse. Dans la théière, le thé a pris des teintes de vert sombre dont l’uniformité est cassée par l’orange vif de l’écorce.
                On comprend dès lors pourquoi ce thé tonique et vivifiant par son caractère épicé et héspéridé est consommé depuis le XIIe en Russie pour lutter contre les hivers rigoureux. On se prend soudain à imaginer quelle hâte les Russes devaient éprouver à l’idée de le savourer en bouche tandis que la neige piquait leurs joues meurtries. Spassiva boitcholle !



                                               L’ennemi, lui, ne devaient pas manquer de thé !